De 1625 à 1900, douze rois se succédèrent à la tête du puissant royaume d’Abomey. A l’exception du roi Akaba, qui utilisa un enclos distinct, chacun fit édifier son palais à l’intérieur d’un enclos entouré de murs de pisé tout en conservant certaines caractéristiques de l’architecture des palais précédents dans l’organisation de l’espace et le choix des matériaux. Les palais d’Abomey fournissent un témoignage exceptionnel sur un royaume disparu.

Valeur universelle exceptionnelle

Brève synthèse

Les palais royaux d’Abomey sont le témoin matériel essentiel du Royaume du Dahomey qui se développa à partir du milieu du XVIIe siècle selon le précepte énoncé par son fondateur, Houegbadja, « que le royaume soit toujours fait plus grand ». Sous les douze rois qui se succédèrent de 1625 à 1900, ce royaume s’affirma comme l’un des plus puissants de la côte occidentale de l’Afrique. Le site des palais royaux d’Abomey couvre une superficie de 47 ha et est constitué d’un ensemble de dix palais dont certains sont construits les uns à coté des autres et d’autres superposés, suivant la succession au trône. Ces palais obéissent aux principes liés à la culture Aja-Fon et constituent non seulement le centre de décision du royaume, mais aussi le centre d'élaboration des techniques artisanales et le dépôt des trésors du royaume. Le site comprend deux parties puisque le palais du roi Akaba est séparé de celui de son père Houegbadja par une des voies principales de la ville et quelques zones d’habitations. Ces deux zones sont encloses de murs d’enceinte en bauge partiellement conservés. Les palais présentent des constantes organisationnelles car chacun est entouré de murailles et s’articule autour de trois cours (extérieure, intérieure, privée). L’utilisation de matériaux traditionnels et de bas reliefs polychromes sont des caractéristiques architecturales importantes. Aujourd’hui, les palais ne sont plus habités, mais ceux du roi Ghézo et du roi Glèlè abritent le musée historique d'Abomey qui illustre l’histoire du royaume et sa symbolique à travers une volonté d’indépendance, de résistance et de lutte contre l’occupation coloniale.

Critère  (iii) : Les palais royaux d’Abomey constituent un ensemble monumental de très grande valeur historique et culturelle en raison des conditions qui ont présidé à leur érection et des évènements qu’ils ont abrités. Ils représentent l’expression vivante d’une culture et d’un pouvoir organisé, marque du passé glorieux des rois qui ont régné sur le Royaume du Dahomey de 1620 à 1900.

Critère (iv): Organisés sous forme d’une succession de cours très hiérarchisées, l’accès de l’une à l’autre étant assuré  par des portails bâtis à cheval sur les murs d’enceinte principaux, les palais royaux d’Abomey constituent un ensemble architectural unique. Ces structures fortifiées complexes illustrent l’ingéniosité développée par le pouvoir royal, à partir du milieu du XVIIe siècle, pour se conformer au précepte énoncé par le fondateur du royaume Houegbadja « que le royaume soit toujours fait plus grand ».

Intégrité

Un inventaire réalisé en 1995 avec l’appui du Centre du patrimoine mondial a permis de repérer et de cartographier 184 composantes. De la même manière, la superficie du bien  a été réactualisée passant de 44 à 47 ha et ses limites protégées par une zone tampon clairement définie. Aujourd’hui, plus de la moitié de ces composantes ont été restaurées conformément aux normes de conservation reconnues et avec l’appui de l’UNESCO, de certains partenaires, de l’État béninois, sans oublier les familles royales.

Authenticité

L’authenticité du site repose sur la continuité de fonction des palais. La célébration plus ou moins régulière des cérémonies traditionnelles et l’organisation de travaux de remise en état des bâtiments réalisés à l’occasion de manifestations particulières, dans le respect du savoir-faire traditionnel, renforcent le caractère d’authenticité du site.  Par ailleurs, certains éléments tels les Djexo (case qui abrite l’esprit du roi), Adoxo (tombe du roi) et autres lieux sacrés ont toujours fait l’objet d’attention particulière en ce qui concerne le respect des matériaux traditionnels. La terre de barre, l’eau, le bois, la paille et les techniques traditionnelles de construction demeurent des repères de toute intervention devant permettre une bonne transmission de cet héritage aux générations montantes.Au total, nombres d’initiatives ont été prises dans une perspective dynamique et avec la logique d’une continuité de la tradition.

Eléments requis en matière de protection et de gestion

L’adoption et la promulgation de la loi n°2007-20 du 23 août 2007 portant protection du patrimoine culturel et du patrimoine naturel à caractère culturel en République du Bénin, ainsi que l’arrêté portant règlement d’urbanisme de la zone tampon du site classé par la Mairie d’Abomey en 2006, offrent un cadre sécurisé de protection du bien. En outre, le site des palais royaux d’Abomey comporte toujours des espaces sacrés qui font l’objet de  respect par les familles royales et les populations. L’organisation des cérémonies de rituels en constitue encore des formes particulières d’une sauvegarde appropriée.

La gestion administrative, technique et participative du site est réglementée par arrêtés du Ministre en charge de la culture. Outre l’existence d’une structure technique de gestion quotidienne dirigée par le gestionnaire du site, un Conseil de Gestion impliquant toutes les parties prenantes (mairie, populations, familles royales, spécialistes du patrimoine, Etat) permet une gestion participative dynamique de ce bien. Les actions entreprises sur ce site respectent les prévisions du plan de conservation, de gestion et de mise en valeur du site. La précarité des matériaux de construction utilisés sur le site, les actions anthropiques et les phénomènes naturels susceptibles de menacer l’état de conservation du bien, sont autant d’éléments qui bénéficient d’une attention particulière soutenue par un plan de gestion des risques et d’un système de suivi et de contrôle, tant de la gestion que des différents modes d’intervention sur le site.

Lien : https://whc.unesco.org/fr/list/323/